samedi 27 août 2016




                

                                       back to basics | atelier été 2016
                                     
                                       Atelier d'écriture en ligne proposé par François Bon sur le tiers livre

                                                       back to basics, 4 | Artaud en juste 100 mots


                                                         

 
  
      C’est froid sur la peau hurler ne sort pas la gorge sèchement aspirée l’effroi lourde pierre et cette odeur sucrée poudre de vieille soulève le ventre, longtemps. L’œil s’accroche débile s’acharne pour ne rien perdre assiste. Jambes sans terre n’y peuvent rien. Les voix donneuses d’ordre battent le crâne explosif brisant tête trouée que du mot en désordre. Les membres supérieurs sont massés dans les poings pesanteur rabougrie faudrait pas que ça se disperse. Et quand le bras s’élève alourdi par la peur, c’est un os léger qui flotte blanc. Tout mouvement soulève un poids mort.   


jeudi 16 juin 2016




                                          back to basics | atelier été 2016

                                          Atelier d'écriture en ligne proposé par François Bon sur le tiers livre

                                                         back to basics, 2 | autobiographie aux noms propres
                                         
                                            
                                            


          Châteauroux sans visage bat de l’aile, Beaumont. Les Grands Champs Rue des grands-champs 3ème étage cuisine en formica on ne mange pas avec ses doigts le clown patère est un cauchemar la nuit. Suma immense pour la petite se perdre et froid. École Jean Zay et pneus Michelin pour se poser en rond dégagez de là on était avant, cri de guerre. 2 rue Pasteur l’amour de l’amitié sang échangé on joue à tout le parc est grand encre violette et machine à écrire cerises plein les doigts. École Jean Zay la grande, Mr Montpied et Mme Merle à l’écart baraques préfabriquées méthode Freinet passer rouleau sur lettres alignées l’imprimerie, journal. Échange goûter avant l’étude Nathalie Pereira m’offre du chorizo. Rue de la Victoire attendre le soir la voiture dos collé au grillage, nouveau trajet avenue du Mont Dore Boisséjour Royat amples virages jusqu’aux maisons jumelles toit de chaume scierie odeur du bois et boulangerie Vazeille le pain cuit au feu de bois mie chaude et collante de la grande tourte de seigle. La Font de l’Arbre rue des Hautes Granges maison sent le plâtre et cheminée plus tard. Tout à faire millepertuis sur talus cabanes et chats. Mon frère. Docteur Dechambre son doux visage et son marteau en caoutchouc pour taper sur les genoux. Ami 8 et GS nous trimballent. Aubigny sur Nère Route de Paris, les camions font trembler la baraque pâté de pomme de terre dentier le soir dans un verre d’eau. Les Allois du côté de ma mère poules et lapins Pinocchio dans le ventre de la baleine accordéon. La Toulzanie vacances Le Lot croquet sur l’herbe Tour de Faure chez Zézette qui sait faire la pâte feuilletée Laetitia mon amie pour la vie Grotte du Pech Merle nouveaux mots stalactites et stalagmites l’émotion de la main Gouffre de Padirac silence sur barque souffle coupé Péchignac sent la menthe la table sous le figuier et bassines pour la vaisselle Saint Martin Labouval l’unique épicerie on y chipe des bonbecs. Collège rue Renée Brut blouses obligatoires changer de salles et sac lourd. Mme Miallet prof de latin nous parle de Montaigne et Rabelais. Échappée belle invitée par les copines Pornichet beurre salé sarrazin salicornes Histoire d’O tu connais me lance un gars tout rouge je ne vois que l’eau de la mer je nage.   


      

mardi 1 septembre 2015

                                       


                                       [été 2015] en quête du fantastique
           
                                        Atelier d'écriture en ligne proposé par François Bon sur le tiers livre
                                     
                                               
                                                      6 | juste avant, tout juste

                                   

                               

 Des auges de béton posées sur quatre petits pieds où plantes vivaces s’élèvent jusqu’à hauteur de taille séparent la terrasse du trottoir. Toutes les tables ne sont pas occupées, celles serrées contre la longue vitre du café sont délaissées; il faut dire que le soleil n’y parvient pas, le balcon des appartements du premier étage les couvre de sa dalle de béton. Une légère brise par vague secoue les fleurs d’acacias qui tombent ici ou là où tables regardent le ciel. Une femme en plein soleil secoue ses cheveux d’une main énergique entre deux phrases d’une conversation qui ne la laisse pas tranquille. Elle n’aura pas vu les deux enfants traverser la rue agrippés chacun à la ficelle qui tient leur ballon en l’air (un blanc un jaune) ni entendu (décidément elle parle fort) le cri de joie terrifiante de celui qui lâche son ballon pour voir. Quelques têtes pourtant suivent du bout des yeux la progression vacillante de l’ovale jaune et la dame en tailleur bleu pâle qui croise les bras sous ses seins en profite pour gigoter le bas, il fait assez chaud pour que le plastique des chaises collent à la chair des cuisses. Il n’y a pas lieu de toucher ce drôle de triangle rectangle de fer peint en noir grand comme deux mains pour passer à l’intérieur, la porte à double battant est ouverte aujourd’hui, coincée par deux caoutchoucs écrasés au sol. Rouge, la banquette qui court le long du mur, rouge skaï rouge skaï aussi les deux petits tabourets (à chaque fois deux) qui lui font face séparés par la petite table ronde couverte d’un napperon en dentelle synthétique qui fut blanc. Pas un chat ni musique ni radio, seul le va et vient des serveuses déplacent l’air et les petites tables rondes ce ne sont que petites tables rondes affublées de deux petites chaises chacune le long des vitres ont la candeur brutale du temps passé ici encore là. C’est depuis l’intérieur que le corps jette ses yeux pour s’apercevoir que le café fait un angle. Les rideaux tirés ramassés sur la gauche de chaque vitre laissent tout voir en silence cent quatre vingt degrés à l’affût. Là, face, au delà de la rue sur le mur cinq oiseaux noirs en vol soufflés à la bombe, l’un d’eux mince comme un cil. Le ciel est-il bleu?

                                             


mardi 18 août 2015



                                 [été 2015] en quête du fantastique
 
                                 Atelier d'écriture en ligne proposé par François Bon sur le tiers livre


                                               5 | pour un dictionnaire 
                                  
     
                                                 
  


Disparaître – Un mot rien à dire neige. On n’y verrait que du blanc on se tairait, vide muet d’un vaste paysage disparaître à ses yeux effacer la tâche au plus vite sauf que. Paysage main sur les yeux caché coucou caché coucou c’est là que j’entends le dísz hongrois (siffler serpents siffler, allonger le i faîtes sonner le s) celui qui dit décor –  dísz – pour faire joli faire fête faire ornement et ça fout tout en l’air. Ornée avait-elle disparu ornée comme elle était peau de serpent. Disparaître n’a pas de jambes disparaître c’est y laisser sa peau sans traces dans l’eau on disparaît mort sauf que. Disparaître ne fait pas dans le détail. On peut l’avoir caché dissimulé par qui par quoi mais que fait et pourquoi il ne se laisse pas ranger. Disparaître va et vient. Sauf qu’à la fin à la toute fin quand c’est là que ça commence dans le silence il y a cette main d’un grisâtre obscure qui glisse sur le sol sous la porte fermée rampe de ces doigts rabougris calleux vers la gamelle déposée là.  Caché coucou caché coucou
                                               

vendredi 7 août 2015

                  

                   [été 2015] en quête du fantastique
 
                   Atelier d'écriture en ligne proposé par François Bon sur le tiers livre

                               4 | compter jusqu’à cinq (rêves)
 

                       

     1, appartement débordant de meubles d’objets de gens de bébés et, désert dégagé déserté seuls quelques bandes de tissus ondulent au sol, présence soubresauts et cette voix: je préfère ne pas rester là, 2, paysage de toute beauté, lumière rare qui inonde et précise à la fois chaque relief; derrière moi un garçon décrit le paysage, métaphore incongrue et bancale qu’il faut que je note mais je m’assoupis avec cette culpabilité flottante et cette paresse accablante de ne pas noter et oublie, 3, deux hommes tremblent terrorisés les yeux fermés ils sont en train de partir mourir, brusquement ma mère nomme l’un d’eux (elle l’a reconnu), il ouvre les yeux il est sauvé; la terreur a tâché leurs vêtements au niveau du nombril, 4, un nourrisson sur un lit en hauteur, je dois tendre les bras pour l’atteindre ne vois pas le corps en entier il est trop haut sa tête la tête surtout et des tuyaux et cette mèche blanche cette grande mèche de cheveux blancs, me reconnaissant, le visage s’éclaire se précipite vers moi tournant son petit corps je ne peux pas seule l’attraper le rattraper le prendre tous ces tuyaux tous ces fils je demande de l’aide il est trop haut il va tomber, 5, un homme une cabine de douche comme une scène de théâtre (changement du rideau, mise en scène), il aime les femmes qu’il regarde à travers son dispositif; des biscuits offerts, gardez les sachets il dit dans un coin de l’installation il y aura tous ces sachets vides comme un monticule du temps passé; je suis l’une d’elle, 6 , cette femme qui me dit 2 heures d’écritures où il ne se passe rien 2 heures sans écrire pour écrire c’est après que ça commence au minimum ces 2 heures d’écriture sans écriture pour écrire, 7, ma main caresse l’étoffe au mur en glissant sur les marches, 8, où sont les bêtes? il n’y a que le bruit des horloges.

jeudi 30 juillet 2015

[été 2015] en quête du fantastique

Atelier d'écriture en ligne proposé par François Bon sur le tiers livre

                            3 | aller perdu dans la ville

Et ces trous dans les murs, murs ravagés trous de balles n’y pense pas on t’a dit 56 56 56 impact de balles dans les murs et morts n’y suis pas n’y pense pas monte où ça chats qui boîtent becs qui cognent monte où ta gueule à renifler voire voir voir quoi ce que tu connais ta gueule connais pas tourne là, les chats je les ai suivi pas un celui-là où, tourne,  je chiale faudrait pas odeur d’oignons rances ai déjà senti ça où là -bas quand petite et celui-là qui en face les yeux me rentre comme un clou il sait quoi dira pas juste les yeux , voudrais voler voir de haut avec ou pas sais pas où Cariatides, ce sein à l’air déjà vu (Madame indiquez-moi, comprends pas) c’est tout droit sentir tout près très loin pas de quoi en faire un foin suis déjà passée par là facade ravalée kitsch (on dirait un gâteau un gâteau à la crème et ce bleu) va faner pas par là si là elle que me dira-t-elle? Ne pas la quitter des yeux un dix papiers au sol chamaillés musique ce chant lui ne peut pas se tromper ce chant tourne en rond tu chiales (oiseaux en cage ombre chinoise sur cette fenêtre chantent aussi) voir de haut corbeau le cri excessivement calme la peau

dimanche 19 juillet 2015

           [été 2015] en quête du fantastique

            Atelier d'écriture en ligne proposé par François Bon sur le tiers livre
    
                                             2 | marcher dans la maison vide
          
                                         
Kék Tatami par Vojnich Erzsébet



                                           
         Pieds marchent et comptent 27, peut-être 28 (l’odeur est trouble). Descendre les marches sans la main, rambarde rouillée agrippe la chaire et coupe. Quelle dentelle.
La porte massive n’est pas si lourde.
Rien que le noir. Y’a rien à voir là dedans. Les yeux s’agacent. Les yeux s’acharnent, aimeraient bien vous dire. La voix hésite. Un son pour voir matière? Comment ça vibre là dedans. Claquer des mains et voir comment ça revient. Le son s’engouffre. Avancer lentement poser mains du bout des doigts là , sentir tenture molle, douce comme champignon. Et cette fois lancer la voix franchement et marcher pieds haut levés. Ça se rétrécit. On respire plus court mais on y va bras en croix paumes rafraîchies par la pierre humide. Et 14, peut-être 15 (l’odeur est trouble) on ne chute pas on monte et, face, une porte. Un trou grand comme un oeil dans le bois patiné par l’usure. Entrer mais ça ne s’ouvre pas alors on s’y colle de tout son corps dans le trou grand comme un oeil. Peut pas tout voir. Mais ça. Le lit en fer. Le lit est fait (comme on dirait). Millefeuilles de couvertures et draps comme des peaux mortes. Et table (suppose) ne voit que deux pieds mais feuille. Un rayon blanc.